Moïse  Sadoun                P h o t o g r a p h i e s

La rue est une scène où je m’invite. Dans le flux continu et anonyme des personnes que je croise, je photographie celles qui suggèrent un moment éphémère de vie, un duo qui transmet dans l’immédiateté une manière d’être, un échange de regards, une expression, un mouvement, une singularité.
Une grande proximité me permet de saisir sur le vif des résonances, des correspondances. Involontairement, je combine leurs regards avec ma présence, j’interfère en modifiant ou en contrariant leurs échanges. Cette intrusion provoque une circularité des regards, productive d’interférences, d’inclusions, d’entrecroisements.
Dans mes photographies de rue, un univers de sens émerge dans la pauvreté coutumière des interactions urbaines, l’acte de voir devenant partie prenante du monde que je perçois et que je modifie parfois. L’altérité invisible des passants migre vers une altérité existante qui les rend visibles mais pour finalement exister soi-même.