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Corps tactiles    1990-94

A quoi bon la tête quand on est débordé ?
Henri Michaud, Mouvements

Partir du noir absolu, se cacher les yeux, regarder du fond du néant, être soi-même en étant rien, distance infinie.
Sculpter à l’aide d’une torche, qui effleure et glisse sur le corps, qui fouille et mord à la surface, proximité absolue.

 

Ecriture libérée des mots et de la mémoire, les gestes tactiles se substituent aux formes pensées. Mon corps s’éloigne de ma tête, je deviens mouvement. Les gestes déraisonnent, s’attardent puis enchaînent et dévient sur d’autres envies. Pouvoir d’ouvrir, de sillonner, d’étirer et de fermer un corps. Mon mouvement devient leur corps. Ecriture saccadée de la vie impulsive, d’assouvissement de la chair qui soulage. Parcours d’impatience et d’explosion qui s’offre des histoires de corps.
                                                            

Moïse Sadoun, 9 janvier 1996

 

Les graphies m’emmènent vers des mondes où se perdent mes contours.
C’est une écriture de terre, d’eau, de transparence, d’épaisseur, de boue, de vase molle, de cuivre, de chair tendue, de bois poli, de bec d’oiseaux, de ventres-masques, de feuilles d’écoute, de cœurs d’oreilles, de plages de désir, de plissements de sable dans le repos d’une caravane, de nomadisme à vertige obscur, de lentes remontées de sang plus loin que le liquide et plus profond que la nuit de l’Histoire.
L’être de tous les visages possibles a longtemps marché.
Respirent des corolles fripées de vents : feston d’accalmie en bordure d’une éphémère douceur.

5 Corps tactiles.jpg

Ventres lourds

Elles ont traversé de longues étendues visqueuses
Des boues lourdes, épuisant leurs membres alourdis
Elles ont quitté des terres en guerre
Tout est resté en arrière
Elles suivent une oreille décrochée d’un arbre
Une voix les pousse à marcher
A remuer ces épaisseurs de boue, de sang, de souffrance
Elles sentent la présence d’un parfum
Une virgule dans l’air
Une ponctuation qui rassure, respire

Elle est enceinte de l’ombre de sa mémoire
Elle accouche de la lumière inversée
Elle lui demande de quoi boire

                               Isa Scheibling, vendredi 22 mars 1995

Expositions
1996      Ecole des Beaux-Arts et Lyonnaise de Banque, St-Etienne
             Institut Français de Thessalonique, Grèce
1995      Contemporary Art Center, Nouvelle-Orléans, USA
2014      Figures, Espace Muséal, Tourette sur Loup


Collaborations
1989      Compagnie Claire Mosser, St Denis                               
1999      Chorégraphe Josée Garrand, Winnipeg, Canada 

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