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Après les formes     2024-25

Géologies mentales

Cette série de photographies explore une transformation radicale du paysage naturel, où la mer, la roche et le ciel semblent transmutés en une matière étrange. C’est l’expression d’un effondrement écologique global dans une dimension post-apocalyptique. J’utilise un traitement chromatique inversé, altéré parfois, où les éléments naturels semblent figés dans une temporalité inconnue et une mutation irréversible et où chaque surface raconte une histoire d’érosion, de cristallisation ou de transformation progressive.

L’eau à l’aspect rigide et dense s’est métamorphosée en un cimetière minéral. Le ciel teinté de nuances brun-rosé peut signifier une atmosphère saturée de poussières toxiques. Les roches granuleuses, vestiges d’un futur englouti, recouvertes de teintes bleutées et grises, parées de cristallisations, annoncent nouveau temps géologique.

L’ensemble de ces tonalités inversées suggère un futur possible, un avertissement visuel, un paysage qui a perdu ses repères organiques et minéraux, tout comme notre humanité face à la crise environnementale

Le bord inversé

Le bord de mer n’est plus un rivage. Le ciel et l’eau échangent leurs rôles dans une fusion toxique. Les éléments ne s’équilibrent plus : ils mutent. Mes photographies ne documentent pas sur une fin du monde, elles recomposent les ruines d’un paysage qui ne sait plus comment apparaître. Ce qui est montré n’est pas la catastrophe, mais une perte de repère, un espace mental où le réel se décompose et se reconstruit entre la mémoire d’un monde et l’écho de sa disparition. Dans cet entrelacs de regards, de ressentis, de souvenirs et de déformations chromatiques, le paysage devient symptôme d’un corps en mutation où rien ne subsiste d’identifiable.

La dérive des continents 

Je cherche ici à explorer une forme de cartographie imaginaire, mouvante, instable, celle d’un monde en transformation lente, imperceptible, comme le sont les mouvements des plaques tectoniques. Cette série de seize sphères évoque des globes altérés, parcourus de fissures, d’érosions, de silences. Leur surface se transforme, glisse d’un état à un autre, jusqu’à l’effacement. Ce travail s’inscrit dans une réflexion sur le temps profond, un temps non humain, géologique.

Ce n’est pas une approche documentaire mais un ensemble spéculatif où la répétition devient variation dans un processus d’érosion, de perte, qui évoque aussi bien la disparition des formes naturelles que la fragilité de nos mémoires. Cette série invite à sentir le temps, à se confronter à la lenteur, à l’ambiguïté des formes, à l’idée que tout dérive, lentement, inexorablement, dans un monde marqué par l’instabilité climatique, écologique et symbolique.

L’image se réfère aussi une esthétique de la disparition en s’inscrivant au croisement du visible et de l’oubli. En ce sens, La Dérive des Continents peut être une métaphore du geste artistique : représenter, c’est déjà commencer à perdre.

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